Quand nous étions dans la forêt, tu as dit qu’il fallait plus d’événements pour un récit. Tu as peut-être raison mais notre vie n’avait aucune envie d’être réduite à la taille d’un récit, récit trop étroit pour elle. Oui, notre vie, parce que nous avons vécu une vie heureuse et grande, Frederika. Une vie qui tient en quelques pages...
Si tu savais comme je n’avais pas envie de terminer ce récit, comme tu traversais ces pages, de façon tangible, tu pleurais, tu riais, tu rectifiais mon écharpe qui s’obstinait à ne pas tenir dans le manteau.
Quand, dans le train, je me suis posé dans un coin du wagon, j’ai hurlé comme un chien abandonné, d’impuissance et le cœur meurtri.
Ce jour-là j’ai supprimé ton numéro dans mon téléphone, je m’en souvenais pour toujours.
Parfois, désespéré de pouvoir surmonter cela, je prends pourtant mon téléphone et je compose ton numéro, celui que je retiens le mieux. Je regarde cette combinaison de chiffres, complexe et simple en même temps, comme une rime de poésie, et j’ai l’impression de parler avec toi. Il suffirait simplement d’appuyer sur le bouton d’appel pour entendre ta voix et alors... alors tu deviendrais réalité. Mais je ne veux pas que tu deviennes réalité, Frederika.
Je me suis tout expliqué à moi-même. J’ai accepté des vérités que je pensais ne jamais pouvoir accepter. J’ai appris à vivre sans toi.
Malgré tout... malgré tout un jour, je ne sais pas quand, peut-être dans cent, deux cents ans, j’appuierai sur ce bouton et mon numéro s’affichera sur ton téléphone. Seul parmi tous.
Tu diras « Bonjour. Une éternité sans toi ! »
Alors mon cœur flanchera...
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